Le livre de Rufin, J.-C. (2013), lmmortelle randonnée. Compostelle malgré moi. Edition Guerin
Lu pour vous par Cathy Jenard
paru dans le pecten N° 109, pp.36-37
On ne présente plus Jean-Christophe Rufin...Médecin engagé, diplomate, Immortel depuis 2008, c’est aussi un écrivain à succès de romans à trame historique. Son dernier essai, " Immortelle randonnée . Compostelle malgré moi ", a durant ces dernières semaines, occupé les rangs des meilleurs ventes en librairie. Preuve, s’il en fallait une de plus de l’intérêt que suscitent les chemins de Compostelle.
L’auteur propose un récit sur les quelques 800 kilomètres parcourus à pied sur le Camino del Norte, un peu par hasard écrit -il, la saison ne se prêtant pas-à une haute traversée des Pyrénées. Ce récit se veut sans cadre géographique ou chronologique strict. Ce n’est pas un carnet de bord. Certes Jean-Christophe Rufin nous décrit des paysages, s’attarde sur les villes traversées, transmet au lecteur les émotions ressenties face à une merveille architecturale ou naturelle, mais il ne fait pas œuvre d’érudition. Il confie d’ailleurs ne pas avoir pris de note durant sa randonnée, ne pas avoir tenu de carnet de voyage... les seules balises de son chemin étant les tampons s’alignant soigneusement sur sa crédentiale détrempée
ll rend compte avec force de ses rencontres faites sur la route , rencontres étonnantes, agréables ou plus pénibles mais toujours intenses. Défilent sous les yeux de ses lecteurs les pèlerins au profil parfois atypiques, les hospitaliers et responsables de refuges municipaux ou privés, les personnes qui habitent et vivent le long du Camino. Tout un monde que I ’auteur rend avec finesse, drôlerie mais énormément de justesse. L’essai est une réflexion de l’auteur sur Ie cheminement, et ce cheminement-là en particulier. . Quelques pages sur son rapport au sac à dos, aux personnes qui viennent le rejoindre sur le Chemin, aux guides de voyage renvoient à autant de questions sur les motivations, les peurs et les espérances de ceux qui se mettent en marche.
L’ouvrage gai à lire est servi par un humour certain, et une écriture riche en images. J’ai particulièrement apprécié celles-ci au début du livre.
"Sur les cartes jacquaires on voit ruisseler tous ces chemins vers l’entonnoir pyrénéen puis l’Espagne . lls rident toute la surface de l’Europe et font rêver ". p.18.
"Le virus de Saint-Jacques m’avait profondément infecté. J’ignore par qui ou par quoi s’est opérée la contagion. Mais, après une phase d’incubation silencieuse, la maladie s’était déclarée et j’en avais
tous les symptômes. " p.25
"Jean Rufin a rejoint Compostelle par le chemin du Nord, le plus sauvage, celui qui longe la mer. Ce qu’il rapporte de ces 900 km à Pied est la perception d’une humanité poétique et touchante. . Son goût des gens, son sens de l’Histoire, de la singularité des Iieux, des destins, la dérision qu’il s’applique à lui-même font de ce texte un manifeste enthousiaste et drôle du grand Chemin qui, certe, n’épargne pas le pèlerin mais dont celui-ci sort grandi et parfois même heureux. » (4è’me de couverture)
Jean-Chistophe Rufin a suivi à pied sur plus de 800 km, le "Chemin du Nord" jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle. Beaucoup moins fréquenté que la voie habituelle des pèlerins, cet itinéraire longent les côtes basque et cantabrique puis traverse les montagnes sauvages de Gasturies et de Galice.
"Chaque fois que l’on m’a posé la question " Pourquoi êtes-vous allé à Santiago ?", j’ai été bien en peine de répondre. Comment expliquer à ceux qui ne l’ont pas vécu que le Chemin a pour effet sinon pour vertu de faire oublier les raisons qui ont amené à s’y engager ? On est parti, voilà tout."
Galerie de portraits savoureux, divertissement philosophique sur le ton de Diderot, exercice d’autodérision plein d’humour et d’émerveillement, "immortelle randonnée" se classe parmi les grands récits de voyage littéraires.
"On y retrouvera l’élégance du style de I ’auteur du Grand Cœur et I ’acuité de regard d’un homme engagé, porté par le goût des autres et de I ’ailleurs." (mot de l’éditeur)